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15 octobre 2019 – “Des cailloux aux engrenages”

Les hommes ont-ils toujours su compter ?

    Après deux conférences consacrées à la peinture contemporaine, pour la rentrée, la Société avait fait le choix de délaisser les arts et lettres au bénéfice des chiffres. « Des cailloux aux engrenages » tel était le titre de l’exposé de Guy Persegol, au patronyme chantant les gorges du Tarn , mais dont la carrière de professeur de mathématiques, puis de chef de grand établissement (lycée, collège), l’a longtemps retenu dans la région PACA. Collectionneur averti de machines à calculer mécaniques (XVIIe-XIXe siècles) le conférencier avait également amené avec lui plusieurs de ces petits bijoux qui font, aujourd’hui, les affaires des commissaires priseurs et des musées.

      A quel moment l’homme a éprouvé le besoin de dénombrer ? Puis de calculer ? d’abord additionner et soustraire ensuite diviser et multiplier ? Les dix doigts, les cailloux, les nœuds sur une corde, les entailles sur un bâton ont permis de compter. Et après ? Divers instruments à plat, quelquefois simples tableaux dans le sable, qualifiés d’abaques, sont les antiques ancêtres des jetons et des bouliers, chinois, russes ou japonais, parfois encore utilisés.

      Mais comme « Il faut bien partir d’un point »,Guy Persegol avait choisi l’Auvergnat Gerber d’Aurillac, plus connu sous le nom de Sylvestre II, grand pape de l’an Mille, mais aussi savant mathématicien qui introduisit en Occident les chiffres indo-arabes et le zéro, d’abord matérialisé par un point,  puis par un rond.

    Comme le temps était compté, pour parcourir les siècles, en bon pédagogue, Guy Persegol ne le perdit pas en posant de bons repaires. Il s’arrêta en 1623 sur un autre Auvergnat, le grand mathématicien Blaise Pascal, lui-même fils d’un mathématicien également collecteur des tailles. Voulant aider son père, submergé par les calculs d’impôts, il mit au point la « Pascaline » dès l’âge de 19 ans, boîte métallique garnie des savants rouages dont il reste quelques rares exemplaires. Multiplier et diviser, maîtriser les décimales et les retenues était encore exercice mal réglé.

      Le cylindre cannelé de Leibniz et son nombre variable de dents apporta des réponses en 1685. Mais ce sont les engrenages et les mécaniques horlogères du XVIIIe siècle qui répondirent le mieux et enrichirent définitivement les inventeurs des arithmomètres tel Thomas de Colmar qui fit passer la production de sa machine à la cadence industrielle jusqu’en 1915.

          A partir de 1890, l’arithmomètre d’Odhner, aux allures bombées de petite caisse enregistreuse, sera « cloné » dans le monde entier durant près d’un siècle. La calculatrice à crosse de Troncet en 1893, la Curta, en forme de petit moulin à café à manivelle en 1948, auront aussi marqué cette aventure avant que les moteurs électriques n’arrivent en secours énergétique et que dès 1961, l’ électronique pointe son nez pour révolutionner ce charmant univers d’engrenages ni nécessaire aux échanges dans toutes les sociétés.

       Une belle assemblée, au sein de laquelle on distinguait quelques comptables professionnels, a assisté à cette intervention de grand intérêt.

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