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5 mars 2019 – “Le Gévaudan de la Bête (1764 – 1767)”

“la vie quotidienne en Margeride à la veille de la Révolution”

      Tel était le titre de cette conférence récemment proposée par Bruno Jaudon, docteur en histoire et administrateur de la Société des lettres. Il s’agissait en-effet de décrire le contexte géographique, historique, économique, sociologique, en un mot : planter le décor factuel qui servit de cadre à ce fait  légendaire et historique qui a définitivement distingué le Gévaudan parmi toutes les provinces de l’Ancien Régime. Le conférencier s’est attaché au fait que la Margeride est la première concernée. Une Margeride qui n’est pas encore ainsi nommée. Ce vocable est apparu au milieu du siècle suivant, inspiré du nom d’un domaine forestier. Trouvant des limites naturelles entre les vallées de la Truyère et de l’Allier, incluant le canton de Saugues, partie intégrante du Gévaudan, ce massif de moyenne montagne du sud du Massif Central est caractérisé par une haute altitude dont le Truc de Fortunio, le Signal de Randon et le mont Mouchet atteignent ou dépassent les 1500 mètres. Zone rurale aux hivers longs et rigoureux le pays de la Bête vit presque exclusivement de l’agriculture et de l’élevage d’altitude, seigle, orge, avoine, brebis, un métier à tisser dans chaque maison pour du travail à façon, des troupeaux transhumants  venant renforcer la présence ovine durant plusieurs mois, dans un décor de forêt déjà démantelée par des coupes mal contrôlées.

                Les « années de la Bête » sont des années de paix sociale, sans guerre ni famine sous le règne de Louis XV le bien-aimé, vingt ans avant la Révolution. Ce cadre de forêts et de troupeaux convient parfaitement aux loups, très présents en Gévaudan comme ailleurs dans le royaume. Une population laborieuse répartie en de nombreux villages et hameaux entretient ce vaste espace au sol ingrat et au rude climat. Elle est habitée d’une foi inébranlable. Le clergé catholique, très présent dans chaque cure, couvent, école, accompagne et rythme la vie de chaque habitant et collectivité selon des règles et conventions qui s’imposent.

          C’est dans ce cadre, où malgré les éléments, femmes et hommes  du haut-Gévaudan ne sont pas plus malheureux qu’ailleurs, que “l ‘affaire de la Bête” débute à l’automne 1764. Les première battues infructueuses sont confrontées aux difficultés d’un hiver particulièrement précoce. Le Gévaudan ne sait pas encore que l’une des pages les plus emblématiques de son histoire commence à s’écrire.

          C’est ce décor historique que Bruno Jaudon a campé avec brio et précision devant une assistance fort nombreuse. La Bête attire toujours les foules.

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