“de son enseignement et de son œuvre”
La conférence mensuelle de la Société des lettres, à la Maison consulaire, était assurée par le vice-président lui-même, Jean-Paul Mazot . Il est vrai que le rédacteur-en-chef de la Revue du Gévaudan est rompu à l’exercice depuis longtemps, auteur en quarante ans, de dix-huit ouvrages, le plus souvent consacrés à l’histoire du Gévaudan, bien au-delà de celle de Chirac, son historique point d’ancrage.
Son dernier livre, justement, paru en 2019, est consacré au Marvejolais René Jaudon (1889-1968), peu connu du grand public et pourtant l’un des artistes majeurs de la Lozère ; il est vrai que Jaudon a délaissé sa propre carrière de peintre au profit de celle de professeur, accompagnant durant quarante ans à Paris des élèves qui deviendraient professeurs d’art plastique ou artistes de renom tel Pierre Soulages, dont il fût le premier maître. Celui qui sera bientôt centenaire ne manque jamais une occasion de lui rendre hommage. Patron d’atelier parisien respecté, pédagogue hors pair, malgré un lourd handicap physique, Jaudon a aussi une production artistique personnelle, tant pour le noir que pour la couleur. Également professeur à l’École nationale des Baux-Arts, il y a notamment développé l’art de la lithographie, qui au premier regard, éclaire l’œuvre de Soulages et sa prédisposition pour le noir. « Écoute tout ce que je te dis et n’en fait qu’à ta tête » tel était le conseil du maître Jaudon à ses élèves, Dewasne, Wogensky, Auriac, parmi eux plusieurs Grand prix de Rome. Conseil que Soulages a parfaitement entendu. Mais l’œuvre en couleur de celui qui passa au début de sa formation à la Casa Velasquez à Madrid, est également de grande qualité. Huiles sur toile, pastels, eaux-fortes, gouaches, aquarelles, dont plusieurs pièces sont accrochées aux cimaises de quelques musées français, ne sont pour l’heure, pas au catalogue du musée du Gévaudan. Il faudra peut-être y remédier.
C’est à la rencontre de cette personnalité talentueuse, généreuse et hors du commun, si bienveillante avec ses élèves au point qu’on les surnommait à Paris « Les petits Jaudon », qu’une belle assemblée s’était mobilisée pour cette conférence, où l’on traitait à la fois d’art et d’histoire, en mode local et national.
L’ouvrage très documenté de Jean-Paul Mazot, enrichi de nombreuses reproductions d’œuvres de collections privées, édité par la Société des lettres et P.P.L, raconte la suite en belles images accompagnées d’émouvants témoignages.