Grands Prix

15 janvier 2019 – Remise du Grand Prix de la Société à Sylvain Gachet et Elisabeth Boyé & Bertrand Servières

   La Société des lettres a récemment attribué pour la huitième fois son grand prix annuel, matérialisé par la statuette « Arabesque » de Degas, au trio de vignerons d’Ispagnac, Elisabeth Boyé, Sylvain Gachet et Bertrand Servières, grâce à qui depuis dix ans la Lozère peut s’asseoir à nouveau à la table des producteurs de vin.

     Renouant avec un siècle de vocation environnementale et agricole comme la plupart des sociétés savantes en France au XIXe siècle, la Société, alors « d’agriculture », s’est en-effet préoccupée en priorité, de 1819 à 1921, des améliorations à apporter à la culture et à l’élevage en Lozère avant même la création des chambres d’agriculture en 1924.

     Les vins du domaine de Gabalie et du domaine des Cabridelles ont déjà remporté des prix depuis 2008, année du premier millésime, mais le Degas 2018 de la Société des lettres revêt une signification supplémentaire qui a incontestablement ému les lauréats. La remise de cette distinction inattendue a permis de rappeler l’histoire du vignoble lozérien à travers les siècles qui occupa jusqu’à deux mille hectares, son importance particulière dans la vallée du Tarn, une certaine renommée, des rivalités de qualité entre vignerons d’Ispagnac, de Sainte-Enimie, de Quézac, ou des Vignes, une dimension économique évidente mais également sociale et culturelle.

    L’histoire du vignoble lozérien fut aussi marquée d’ épreuves comme l’invasion du phylloxera  qui faillit causer sa disparition une première fois à la fin du XIXe siècle, mais aussi des heures fastes, sous Louis XIV, au temps des longues coubles de mulets transportant le vin jusqu’à l’évêché de Mende ou de Vivier en Ardèche.

    Sylvain Gachet, arrivé le premier de Bourgogne en 2003, répondant à l’annonce de la commune d’Ispagnac qui souhaitait voir renaître ses vignes, fût rejoint en 2006 par Élisabeth Boyé et Bertrand Servières venus du Bordelais.

   Les trois vignerons ont présenté à une assemblée attentive leurs vignobles respectifs et leurs différents vins, rappelant qu’en 2006 leur aventure était surtout l’objet de scepticisme.

   Aujourd’hui près de dix vins rouges, blancs et rosés sont élaborés dans le caveau commun d’Ispagnac. Les deux domaines ont restauré au total près de douze hectares de vigne en terrasses, pour une production annuelle de 40.000 bouteilles de vin lozérien, soit l’équivalent d’un beau petit vignoble bourguignon de qualité.

   Très heureux de cette belle distinction qui légitime leur place dans l’histoire de la vigne lozérienne, le vœu de ces premiers de cordée est d’être rejoints par d’autres passionnés de Lozère et de vigne.

   Félicitations à ces trois vignerons d’exception à qui la Lozère doit la résurrection de son vignoble au prix d’un indéniable courage reconnu et désormais récompensé sur le plan historique et culturel.

 

 

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